Les dieux grecs ont été déchus et réduits à l'etat de mortels par leurs descendants divins, ignorés de tous. Ils ont pris leurs places et créé la Nouvelle Olympe!
Let's get drunk and tell eachother everything we're too afraid to say sober [Feat. Alejandro] ~Le Marais~
Sujet: Re: Let's get drunk and tell eachother everything we're too afraid to say sober [Feat. Alejandro] ~Le Marais~ Sam 22 Aoû - 19:21
« Gimme everything, all you heart can bring I don't wanna feel blue anymore »
L'alcool ne lui faisait plus le même effet qu'avant. En fait, plus rien ne lui faisait le même effet. Tout était différent. Le monde, les gens, le temps, mais plus que tout sa manière de les appréhender. Tout était plus fort, ou peut-être atténué, et les mots qui ne lui avaient pourtant jamais fait défaut peinait à sortir de sa bouche pour expliquer ce qu'il ressentait. Il n'avait jamais été fort à ça de toute façon. Admettre qu'il allait mal. Le moindre semblant de confidence susceptible de le mettre en position de faiblesse se transformait inévitablement en sarcasme. Alors, lorsque on lui demandait si il allait bien, il ricanait, susurrait avec malice tout peut aller bien comparé à toi. Cela avait commencé presque immédiatement après sa conversation avec Madame Hooper. Chaque explication lui avait fait l'effet d'un coup de poings. Il n'avait jamais eu un corps fait pour se battre, et inévitablement, il était tombé assommé. Il y avait d'abord eu le silence, une sorte de bulle qui l'avait isolé du reste de l'orphelinat, crée par ses propres doutes. Et puis, le bruit. Assourdissant, omniprésent, les sensations décuplées, l'envie de mourir alors qu'il ne s'était jamais autant senti en vie. Parfois la réalité lui semblait fausse, les rues de Paris ennuyantes, factices. Un instant plus tard, il ressentait au plus profond de lui la présence des Autres, des Hommes. Mama, no estoy como los otros. Il était un dieu.
Un dieu n'est-il pas sensé être puissant, suprême, absolu ? L'ironie était partout. L'alcool ne goûtait plus le même. La vodka coulait comme du sirop trop sucré dans sa gorge. Pour ce que cela valait, l'herbe qui aurait dû l'emmener dans les étoiles lui faisait l'effet d'un aspirine. Et alors qu'il se sentait mort, tout lui apparaissait plus vivant. Le vent, le soleil, la Terre. Si fumer ne lui faisait plus rien, il avait pourtant l'impression d'être en plein trip. Cette sensation d'être déconnecté du monde, tout en le prenant en plein dans la figure le déconcertait et le rendait dingue. Ne pouvant exactement comprendre ce qui lui arrivait, et surtout ce qu'il voulait pour sur, il avait statué vouloir seulement ressentir quelque chose. Alors, quand il ne devait pas rendre de compte à Madame Hooper, il sortait dans Paris à la recherche de la moindre chose pouvant le faire se sentir humain. Il cherchait un sens dans l'excès. Manger trop, pour dix, pour vingt, ne pas se sentir malade, arrêter de manger, pendant un jour, dix jours. Ce qu'il buvait par nuit aurait suffit à emmener tout autre homme dans un coma éthylique, mais engourdissait à peine ses sens et ses muscles. Plus, toujours plus, jusqu'à se voir refuser d'être servi, aller dans une autre bar, recommencer, encore et encore, faire défiler les heures, être enfin saoul après des heures, lorsque seulement une suffisait avant. Tomber sur le sol, rire, avoir envie de pleurer, s'arrêter, sentir le temps, mais pas le temps des humains, le temps de l'éternité. Regarder la ciel et les lumières de Paris, Paris, toujours voulu visiter Paris, avec son amour, pour l'ironie, l'ironie, l'ironie.
Allongé sur le sol, alors qu'il regarde la nuit et ressent avec dégoût la Terre tourner trop lentement pour lui, Alejandro se sent brusquement en vie. Ironiquement, malgré son mal être permanent, il commence à s'y habituer. Cette même sensation évoquée tout à l'heure, d'aller trop vite, et de subir la vie des mortels lorsqu'on en fait plus partie. Etre un Dieu est vraiment une sensation semblable à celle d'être un fantôme. Il se sent vivant, alors qu'un instant plus tôt, il était au 36éme sous sol. Mais la vie, comme il la ressent à présent, si puissante et violente qu'elle lui en coupe le souffle et l'emmène en dehors de la réalité. « En dehors de la réalité » a la couleur de l'or, et le visage d'un garçon divinement beau. Il lui donne la même impression qu'Aris et Alyssa, quelque chose qui lui rappelle Madame Hooper. Peut-être que cette impression est la même pour eux, lorsqu'ils le regardent, mais Alejandro se sent trop minable à cet instant pour l'envisager. Le garçon doré parle, et il ne le comprend qu'à moitié. Mais il prend tout de même sa main, accepte de se relever.
- Comme moi … murmure t-il très bas, en faisant de son mieux pour trouver l'équilibre entre la réalité humaine et la dimension des dieux.
A nouveau, la roue tourne brusquement, et Alejandro se sent de retour. Autant de retour que sa nuit de beuverie le lui permet. Il attrape le visage du garçon doré, plonge ses yeux dans les siens, et l'observe en silence. Il est alors pleinement conscient de la nature du blond, un dieu, tout comme lui, mais il ne parvient qu'à se concentrer sur le double sens ironique de ses mots, qui le fait sourire en se penchant sur son visage.
- Oui, comme moi, tout comme moi. Ou presque, si tu l'étais, tu n'aurais pas que des bonnes intentions, guapo, chantonne t-il moqueusement.
Tout aussi gratuitement, et puisque de toute manière rien n'a de sens, il pose vivement sa bouche sur la sienne. Ce n'était sensé être qu'un baiser vif, moqueur, mais il ne peut qu'apprécier le goût de ses lèvres. Un goût qui lui rappelle étrangement sa toute première tequila, bu trop vite dans sa chambre, de peur que sa mère rentre et le surprenne.
- Puta ... soupire t-il finalement, en s'écartant à regret, mais en claquant tout de même ses fesses histoire de ne pas avoir encore plus de remord. Pourquoi est-ce que vous apparaissait toujours quand je suis saoul ? Offre moi juste un café, guapo.