Gaëlle regardait le vide, pensive. Elle avait tellement souffert ces dernières semaines. D'abord un idiot d'humain lui avait pris son coeur pour ensuite le briser et le semer aux quatre coins de la planète. Ensuite, ivre de vengeance, elle s'était mise en tête de détruire toute l'espèce humaine masculine. Mais, chaque fois, elle se demandait si en tuant elle ne commettait pas une énorme erreur. Et si cette personne n'avait été qu'un idiot ? Et si, en volant des âmes, elle devenait un monstre ? Pourtant, elle était ivre des hurlements de douleurs et du sang éclaboussant les rochers des endroits où elle se cachait pour tuer. Ce qu'elle savait, c'était que les mortels n'avaient pas l'habitude de croiser une sirène sur la plage. C'était sûrement pour cela que les hommes poussait un cri d'étonnement quand ils la voyait chanter sur la plage pour les attirer. Œil pour œil et dent pour dent. Elle se disait cette phrase avant de mettre fin à leur jour.
Penser à ça lui donna une forte envie de tuer. Elle devait calmer ses pulsions meurtrières, elle le savait, mais elle le ferait le moment venu. Et ce moment n'était pas encore arrivé.
Quelques minutes plus tard, Gaëlle surgit à la surface avant de s'assoir hors de l'eau sur un rocher, la queue encore dans l'océan. Cet endroit était stratégiquement parfait. Il était facile d'accès pour les mortels mais, en même temps, très difficile à voir. De plus, d'ici, elle voyait tout ce qu'il se passait sur la plage.
Des enfants jouaient avec un ballon. Rien que des enfants... Elle soupira. En apparence, il n'y avait aucune personne qu'elle pourrait tuer pour assouvir sa vengeance. Soudain, elle le remarqua. Un jeune garçon, une cible parfaite.
Alors elle se mit à chanter, comme ces ancêtres le faisait. Elle se mit à chanter une mélodie à laquelle personne ne peut résister, une mélodie qui conduirait son auditeur à un piège sûrement mortel. Mais elle savait qu'elle allait tout lui raconter, à cet auditeur. Elle avait envie de parler. De toute façon cet humain serait mort dans moins d'une heure.

« Bonjour, répondit Gaëlle. »

Elle regarda l'homme devant elle avec un grand sourire qu'elle voulait naturel et sincère. Elle se décala un peu plus loin de lui sur le rocher, elle avait cessé de chanter mais elle fredonnait encore l'air, qu'elle avait maintenant en tête.

Savez-vous pourquoi je chantais ? Non, évidemment. Je peux vous expliquer si vous le voulez. Je ne sais pas si vous avez bien écouté les paroles. Mais avant, je vais me présenter, ce que j'avais oublié. Je m'appelle Gaëlle Satori et... Comme vous le voyer... Je suis une sirène. »

Elle le regarda avec un sourire énigmatique tout en battant l'eau de sa queue, comme pour qu'il la voit bien.
Mais en réalité, ce geste l'apaisait. Cela la confortait dans l'idée qu'elle était une sirène et non une humaine, même s'il y avait une certaine ressemblance physique. Mais l'esprit n'était pas le même du tout, et elle ne l'aurait échangé pour rien au monde.

« Je vais te raconter l'histoire de ma chanson. Tu es prêt ?

Gaëlle n'attendait pas la moindre réponse. Sans plus attendre, elle se remit à chanter.
Les paroles racontait l'histoire d'une fille brisée par un amour impossible. L'homme essaya coûte que coûte de pouvoir rester avec elle mais, comme rien ne marchait, il finit par abandonner. La fille, désespérée, avait fini par se suicider. La sirène, elle, ne finirait pas comme ça. Non, elle ne se suiciderait pas. Et elle ne le ferait jamais. Son désespoir à elle avait pris une toute autre forme : celle de la vengeance.

« Cette histoire c'est la mienne. À la seule différence que je ne me suis pas suicider. »